mardi 19 janvier 2016

Des FIR à 20 minutes, est-ce possible ?

Après une série d'attaques terroristes en 2015, l'Intérieur commence à tirer quelques retours
d'expérience. La place Beauvau promet -sans donner l'horizon de réalisation- que tout point du territoire aura une force d'intervention rapide (FIR) à 20 minutes. C'est le temps de parcours, pas le temps de mobilisation, qui, on le sait, n'est pas toujours, et pour tous, le même.

C'est une promesse extrêmement ambitieuse diront les uns, difficilement réalisable diront les autres. Moi je suis sceptique. D'abord parce que ce n'est pas parce qu'une attaque intervient à 20 minutes de trajet d'une unité d'élite que la réponse viendra en 20 minutes, et qu'elle anihilera une menace terroriste. Un vendredi soir, il faut moitié moins de temps pour faire le trajet de la PP au Bataclan.
Ensuite, tout dépend de ce qu'on appelle une force d'intervention rapide.
La gendarmerie met par exemple sur pied (sur trois ans) des PSIG Sabre centré sur l'intervention, tandis que la police renforce l'équipement de ses BAC. C'est le niveau local ou départemental : des primo-intervenants mieux formés et équipés pour la première riposte, comme la BAC75N l'a fait au Bataclan avec des moyens dérisoires (pas de gilet lourd, pas d'arme longue).
Le niveau interrégional est couvert par les PI2G en gendarmerie : trois sont créés à Nantes, Reims et Tours, ils seront intégrés, avec les trois autres (Orange, Toulouse, Dijon) au GIGN dont ils deviendront des antennes.
Comme les ex-GIPN sont devenus des antennes RAID. Le ministre a d'ailleurs dit, à Lyon, qu'il allait en créer d'autres. Ou, sans doute, rebaptiser des unités existantes. Les BRI de province font figure de favorites, car elles ont des opérateurs formés et équipés. Mais ces BRI dépendent de la direction centrale de la police judiciaire, comme la BRI de Paris dépend de la Préfecture de Police.
On le voit, si la chaîne est linéaire en gendarmerie, dirigée par un ancien chef de GIGN, le général Denis Favier, elle l'est beaucoup moins dans la police.
Enjeu, pas maigre, réagir plus vite et plus professionnellement encore aux prochaines attaques.
On peut noter, par ailleurs, que la réflexion de Beauvau n'évoque pas une éventuelle contribution de la Défense, notamment des unités du COS, mieux formées et équipées que tout primo-intervenant de la police ou de la gendarmerie.
Les obstacles principaux restant le manque d'effectif pour des astreintes, et, pour l'instant, la butée légale.

Mes tweets d'actu sur @Defense137. 
Mes derniers livres : Le RAID, 30 ans d'opérations (Ed Pierre de Taillac), L'armée au féminin, préface de Jean-Yves Le Drian (Ed Pierre de Taillac) et Commandos du Ciel, préface du général André Lanata (Editions JPO).